Edpnet a beau avoir légèrement revu ses connexions fibre résidentielles, un mystère persiste en ce début d’année 2025 : ses offres mobiles ont-elles encore un intérêt sur le marché belge ? Même son abonnement le plus accessible est plus cher et moins compétitif que celui de Digi, sa société sœur. Plus largement, les MVNO (opérateurs mobiles virtuels) ont-ils encore une place dans un marché dominé par les opérateurs et leur sous-marques ?

En 2019, edpnet rachetait Galaxy Mobile, un MVNO qui a plutôt bien négocié son contrat de gros avec Orange. Depuis, l’opérateur commercialise des abonnements mobiles corrects, mais sans éclat. Son offre à 8 € inclut 400 minutes/SMS et 3 Go de données, tandis que la formule à 33 € propose des appels/SMS illimités en Belgique et 50 Go. Rien de bien wow, mais ce n’est pas le but.

Problème : ces forfaits peinent à rivaliser avec la concurrence. Certes, Edpnet bénéficie de l’accès au réseau 5G d’Orange, mais ses offres restent en retrait sur plusieurs points essentiels : des volumes de données trop faibles, pas d’eSIM, pas de VoLTE et pas de VoWiFi. La cause ? Ces aspects n’ont pas été négociés en leur temps.

Face à un marché dans lequel les prix chutent et où les besoins augmentent (15 %  de hausse de consommation de données annuelle selon Base), avez-vous intérêt à choisir edpnet mobile ? Rien n’est moins sûr.

Un changement d’opérateur en vue ?

Digi a déjà chamboulé le marché en introduisant un abonnement à 5 €/mois, avec quelques couacs au démarrage comme le rapporte Datanews, mais une offre qui change la donne. Même l’IBPT le reconnaît : l’offensive est réussie. Les lacunes de Digi (pas de 5G avant fin 2025, pas de boîte vocale) ne semblent pas dissuader tous les consommateurs. L’absence d’appels Wi-Fi sera vite comblée (déjà opérationnelle sur certains appareils).

Les contrats MVNO sont généralement signés pour cinq ans. Actuellement, edpnet fonctionne toujours sur le réseau d’Orange, mais pour combien de temps ? Il y a fort à parier qu’edpnet mobile battra bientôt pavillon « Proximus/Digi ». Car, adossé au duo Digi/Citymesh, edpnet dispose d’une position plus enviable que Mega, Undo, Neibo et Tchamba. Une fois le contrat MVNO honoré, bye bye !

Les MVNO en sursis face aux géants du marché

Le cas edpnet illustre pourtant une tendance réelle, préoccupante : les MVNO sont de plus en plus vulnérables. Une fois leur contrat signé avec un opérateur réseau, il faut le renégocier sans cesse pour rester compétitif. Or, ce n’est pas toujours possible.

Interrogé par L’Avenir, Laurent Bataille, patron d’UNDO, le reconnaît : « On ne peut pas suivre sans renégocier constamment les prix de gros avec Orange. (…) Ils ont réagi immédiatement avec leur marque Hey! pour concurrencer Digi, alors qu’ils n’ont pas anticipé avec les MVNO. »

Traduction : les petits opérateurs se retrouvent piégés. Pour s’aligner, ils devraient vendre à perte. Qui vend à perte ? Une grande marque pour qui l’abonnement mobile s’insère dans un parcours ou canal client (la grande distribution, par exemple). Les promotions lancées par Mega suite au séisme Digi ont déjà disparu ou ont été réduites au strict minimum. Le fournisseur d’énergie a-t-il les reins assez solides pour vendre à perte ou à prix coûtant ? Pas si sûr.

Un marché verrouillé par les opérateurs historiques : alors que faire ?

Autre problème pour les MVNO : les grands opérateurs disposent de marques « maison », qu’on pourrait à tort considérer comme indépendantes (ou MVNO). Scarlet et Mobile Vikings appartiennent, en effet, à Proximus, comme Hey! et VOO sont des marques d’Orange. Si Orange a, effectivement, réagi énergiquement, Telenet et Proximus tentent de gagner du temps pour leurs marques dérivées. Contraiement à Hey!, qui a assumé sa stratégie frontale, Mobile Vikings, Scarlet et BASE ont suivi la même ficelle : environ 50 % de données en plus sans toucher à la valeur de l’abonnement. On voudrait faire croire à une coïncidence qu’on ne s’y prendrait pas mieux.

Les MVNO ont longtemps permis de faire baisser les prix. Aujourd’hui, ils peinent à exister face aux géants qui contrôlent à la fois les réseaux mobiles et leurs propres marques « smart choice » (aucun n’assume le terme « low cost »). Pourtant, c’est avec eux qu’ils doivent conclure des accords financiers et technologiques.

Les vrais MVNO (Yoin, Mega, Undo, Neibo, IP Telecom, Interfone, Sewan, etc.) doivent donc renégocier leurs tarifs de gros pour espérer survivre sur le marché résidentiel. Car, jusqu’à nouvel ordre, le 4ᵉ réseau mobile (Digi/Citymesh) n’est pas encore opérationnel et une ouverture aux accords MVNO ne peut pas faire bouger les lignes de la concurrence.

Les prix finiront par baisser, c’est inéluctable. Que feront alors les MVNO ? Il suffit de regarder ce qui se passe ailleurs, notamment en France :  les plus importants négocieront et survivront. Les autres seront récupérés par le vaisseau amiral juste… avant la banqueroute.