Android, Chrome, Google TV : ce soir, le « Libre » est devenu le bras armé de Google
La version 2.2 d’Android devait être le clou du spectacle de ce Google IO 2010, que vous avez pu suivre sur BeMobile grâce à Michael Uyttersprot. Jusqu’à ce qu’un autre visage du système ne soit dévoilé, Google TV. Ce jeudi soir, le monde informatique a un peu changé. L’opensource a pris le pouvoir, poussé dans le dos par un géant qu’on sait désormais sans limite, Google.
“Frozen Yogurt”, “Froyo” pour les intimes, a donc bien été annoncé, démonstration à l’appui, dans le cadre de la seconde journée du Google IO, rendez-vous annuel des développeurs. Sortie annoncée dans les prochaines semaines pour quelques terminaux « phares » (Nexus One, Droid, etc.). La confusion règne : HTC parlait cet après-midi de la seconde moitié de l’année. Pas un mot sur les constructeurs à la traîne (Samsung, LG, Sony Ericsson), offrant encore des smartphones sous les versions 1.5 ou 1.6 du système. La fragmentation du système d’exploitation a bien été… passée sous silence pour l’occasion. Soit.
Parmi les nouveautés, un nouveau compilateur, une vitesse d’exécution redoutablement améliorée et une intégration plus poussée à Microsoft Exchange. On notera également en vrac de nouveaux APIs pour la sauvegarde (backup) des données (notamment pour le transfert d’un appareil à un autre), des optimisations pour l’appareil photo numérique, l’utilisation de l’accéléromètre dans le navigateur, un outil de contrôle vocal et de traduction automatisée de la voix. Les développeurs seront ravis : ils pourront désormais recueillir le feedback des utilisateurs lors de plantages ou comportements inattendu des applications qu’ils créent.
Le navigateur est annoncé deux à trois fois plus rapide, grâce à un nouveau moteur Javascript. Oui, Flash 10.1 est là, tout comme Adobe Air, dont le SDK a été mis à niveau pour supporter les terminaux Android. Les applications peuvent être installées dans la mémoire du terminal ou celle de la carte SD, puis pourront – à l’utilisateur de choisir – être mise à jour automatiquement, sans la moindre intervention.
Pas de changement cosmétique, mais une course-poursuite contre l’iPhone et le Blackberry qui vire à… l’enchantement pour les utilisateurs.
A l’avenir – pas de précision là sur la date de disponibilité -, l’Android Market devrait permettre de télécharger de la musique. Celle-ci pourra être synchronisée sans fils vers votre terminal depuis vos listes de lecture iTunes ou votre « stock de musique en ligne » (l’acquisition en mars de Simplify Media n’y est pas étrangère). L’Android Market sera également bientôt disponible en ligne dans une version moins sommaire. Une fois l’utilisateur enregistré, il pourra envoyer des applications directement sur son terminal. Pour l’heure, seul DoubleTwist (logiciel universel de synchronisation musique/photos/vidéo livré par Verizon avec les Droid et Droid Incredible) proposait déjà une innovation assez proche : un « App Store Android » intégré utilisant le code QR pour l’installation sur mobile.
Vous n’avez pas la possibilité d’utiliser votre iPhone pour devenir le routeur Wi-Fi de votre iPad ? Google a une solution pour vous : la fonction routeur Wi-fi de votre Android, désormais pleinement supporté (en USB ou via la puce Wi-fi) par le système 2.2.
The times they are changin’
On l’aura compris : hier avec WebM et Chrome Web Store, aujourd’hui avec Android 2.2, le viseur est clairement identifié. Il est pointé vers Cupertino, comprenez Apple. Et le couple Apple/Microsoft pour le « desktop ».
Durant la présentation du système d’exploitation, de subtils gestes d’ouverture ont été lancés à plusieurs géants du secteur (Yahoo! et Flickr pour ne citer qu’eux), jusqu’à faire passer les propres produits de Google à l’arrière-plan. Comme un message subliminal qui voudrait dire « together, everything but Apple ».
Et si, finalement, l’ogre Google était l’entreprise qui va permettre de connecter l’utilisateur final avec le logiciel libre et Linux, plus rapidement et plus efficacement que n’importe quel éditeur avant lui ? Par un formidable mouvement de masse vers des produits interopérables qui se situent au-delà du système d’exploitation ? Ce que Corel, IBM et Novell n’ont pas réussi à imposer, jusqu’ici.
Car en dehors du mobile, Android s’est trouvé un autre débouché, la télévision. La « Google TV » a elle aussi été présentée ce jeudi : une technologie permettant de diffuser à la fois une télévision personnalisée, des publicités contextuelles et des services web, tout cela à base de logiciels libres et de standards industriels.
En partenariat avec Intel et Logitech, Google a donc dévoilé un produit qui devrait être disponible aux Etats-Unis dès l’automne prochain. La plateforme ouverte permettra de regarder des programmes de télévision en direct (chaînes classiques), des vidéos à la demande, des services web (Youtube, Netflix, Vimeo, etc.), surfer sur Internet et disposer de ses applications Android. Système ouvert, système redoutable : des constructeurs de télévision pourront l’intégrer, une box sera proposée, les possibilités sont infinies.
Malgré une présentation parsemée de quelques troubles techniques, la bombe (comprenez la menace économique) est là, indéniablement là. Demain, des « acteurs » comme Google pourront griller la politesse aux opérateurs télécom. De quoi aura-t-on besoin ? D’une télévision, d’une connexion haut débit (à volume illimité) et d’un câble HDMI. Apple TV était un hobby. Sans doute le projet sera-t-il réactivé pour suivre le tempo imposé par Google. Tout bénéfice pour l’utilisateur final.
Ce jeudi, on entendit siffler « The Times They Are a-Changin’ » de Bob Dylan – titre récemment évoqué par Steve Jobs – dans les couloirs du Moscone Center à San Francisco. L’esprit des années 60, contestataire contre l’ordre établi, a soufflé très fort sur la Californie. Et que feront Apple et Microsoft, maintenant que la bombe opensource est officiellement lancée, sur le mobile, l’ordinateur personnel et la télévision ?
Chouette, grâce à Google TV, on va pouvoir des videos YouTube pixelisées à mort sur sa TV 😉
Blague à part, tout ceci est excellent pour nous, consommateurs…
…mais très dangereux pour des pans entiers de l’économie (qui nous donne des emplois)! Google veut détruire tout un (les) écosystèmes d’entreprises numériques en proposant des alternatives gratuites et crédibles à leurs produits et services, et cela en se payant sur un élément isolé qui leur génère des fortunes: la pub. J’ai créé un modèle qui aide à comprendre ces enjeux: http://bit.ly/DiCoDE
@fab : 100% d’accord avec toi! Beaucoup considère que Google comme le sauveur mais c’est oublier qu’ils ont un quasi monopole sur la recherche, sur la pub, qu’ils contrôlent les mails de la plupart des internautes,… Ils sont là, comme les autres, pour faire de l’argent, point barre, le reste c’est du pipo.
les autres aussi sont là pour faire de l’argent. Si Google peut se faire de l’argent sans douleur pour l’utilisateur (via ses pubs par exemple) ce n’est pas un mal. Les autres n’ont qu’à faire la même chose tout simplement et offrir un aussi large éventail de service gratuit aux utilisateurs. Sans Google, Microsoft n’aurait pas évolué dans plusieurs domaines (messagerie, document en ligne, …). Google est un concurrent de poids dans un marché qui en contient plusieurs et tant mieux.
30.07.2010, 17h42
12.08.2010, 20h38