RIM s’envole et Sony Ericsson se perd : la crise fait le ménage.
Ralentissement économique, rumeurs de fin de règne pour la joint-venture, rendez-vous manqués avec la technologie : Sony Ericsson annonce au titre du premier trimestre 2009 une perte nette de 293 millions d’euros et va devoir supprimer 2.000 emplois supplémentaires. Toshiba et HTC suivent ce deuil avec des résultats tout aussi décevants, tandis que RIM poursuit son envolée.
Pour Sony Ericsson, la crise n’explique pas tout
Sony Ericsson annonce ce vendredi une perte imposable du 1er trimestre de 358 millions d’euros, hors charges de restructuration pour un chiffre d’affaires de 1,74 milliard d’euros. Le fabricant a livré 14,5 millions d’unités au 1er au prix de vente moyen de 120 euros (conforme aux prévisions). Sa part de marché au 1er trimestre est de 6%. Le déclin se poursuit. La situation devrait revenir à la normale mi-2010 selon le fabricant.
En juillet 2008, Sony Ericsson avait déjà annoncé un plan social qui devait se traduire par la suppression de 2000 postes. Le groupe nippo-suédois annonce que « le programme de réduction des coûts annoncé aujourd’hui comprendra une nouvelle réduction du nombre total des employés affectant environ 2.000 personnes. »
Les derniers mois n’ont pas été de tout repos pour la société, qui a essuyé des retards de production et avaries pour quelques-uns de ses téléphones de prédilection (retours records de produits instables comme le C905). Là où le marché semble conduire vers la consolidation des systèmes d’exploitation – Nokia vers Symbian, RIM et Blackberry OS, Apple et Mac OS X -, Sony Ericsson a multiplié les aventures, après l’abandon d’UIQ (Symbian) : son propre système d’exploitation pour les mobiles grand public, Windows Mobile, bientôt Symbian Foundation et Android. Tout cela avec visiblement beaucoup moins de succès qu’un autre acteur en proie à la polygamie, Samsung (son OS, Symbian, Windows Mobile et bientôt Android). Sony Ericsson, à trop embrasser, semble s’être perdu.
Les terminaux « milieu de gamme » se sont multipliés, mais le succès ne semble pas encore au rendez-vous pour la marque nippo-suédoise. Pourtant, à en croire les analystes du marché, ces téléphones « chic et pas chers » répondent à une très forte demande du public, jeune principalement : téléphonie, photo/vidéo et musique pour trois principales fonctions réclamées. Dans ce domaine, les innovations ont peut-être trop tardé, face à des acteurs naguère mineurs comme Nokia, LG et Samsung.
Bientôt, le cash pourrait venir à manquer dans le trésor de guerre accumulé ces dernières années par Sony Ericsson. Traduction : les pertes ne pourront plus être épongées très longtemps. De quoi relancer les spéculations sur une séparation à l’amiable entre les deux parties : Sony ne cache plus son intention de reprendre à son compte le développement de mobiles, complémentaires à ses offres informatiques (portables, netbooks, consoles de jeu). Pour l’heure, si Ericsson est loin d’y être opposé, le frein le plus évident semble la disponibilité de liquidités, nécessaires à une reprise des affaires par Sony. La crise est passée par là, mais le temps est une donnée précieuse.
Après avoir annonce « Idou » en janvier dernier, dont la sortie est prévue courant octobre 2009, la société devrait lever le voile sur un nouveau terminal haut de gamme dans la série « Entertainment Unlimited » le 28 mai prochain.
D’ici là, il reste 1 milliards d’euros en banque. Un trésor de guerre qui ne sera pas éternel compte tenu des pertes trimestrielles qui se creusent.
Toshiba et HTC font la moue, RIM explose.
Sony Ericsson n’est pas le seul fabricant touché par la crise. Toshiba avance cette semaine une perte nette à 350 milliards de yens pour l’ensemble des ses activités informatiques/télématiques. La société supprimera encore 3900 postes d’ici à 2010. Enfin, HTC, le constructeur taïwanais HTC, publiait récemment ses résultats pour le premier semestre, déplorant une légère baisse de 3% du chiffre d’affaires, mais une plus brutale baisse de près de 30% du bénéfice net par rapport à la même période en 2008.
Pendant ce temps, certains affichent une santé de fer. RIM, par exemple, dont la clientèle est pour 50 % désormais constituée de particuliers (ils étaient 10 % il y a à peine 3 ans). Les ventes de Blackberry devraient progresser de 10 à 20% cette année, là où le marché global se situe à 10 % de croissance. Au cours du quatrième trimestre 2008, le chiffre d’affaires de RIM a bondi d’un peu moins de 25 % à 3,46 milliards de dollars. En un an seulement, l’activité du groupe a grimpé de… 84% à 11,1 milliards. La confiance est maintenue pour les exercices à venir. Peu de terminaux sur le marché, mais une attention constante à leur évolution.
Si la première édition du Blackberry Storm, première incursion en terre tactile pour RIM, a dû faire face à une critique acerbe à son lancement, RIM avoue travailler sans relâche à la correction des bogues et à l’amélioration de son terminal par le biais de mises à jour, fréquentes et efficaces, tout comme Nokia pour ses terminaux haut de gamme. Une 2e édition du Storm, dotée du Wi-Fi et d’une nouvelle technologie de rédaction de texte tactile, devrait être dévoilée cet été. Les analystes apprécient la réactivité et, à n’en pas douter, la stratégie du canadien : vente de terminaux, vente de services associés (abonnement Blackberry dédié), confiance des consommateurs et écosystème logiciel (App World). L’avenir semble tout tracé : généralisation de la 3G et du WiFi, maîtrise du logiciel et du matériel, améliorations des capacités multimédia et consolidation de l’acquis autour des technologies de push.
Et Nokia d’annoncer également de très mauvais résultats.