Né de l’alchimie entre deux de ses prédecesseurs, le M600 et le P990i, le P1i de Sony Ericsson est disponible dès aujourd’hui hors abonnement pour un prix d’environ 500 euros. Ce quatrième modèle UIQ 3.0, premier doté d’un appareil photo 3,2 Mpx, trahit une recherche de « conciliation » entre les besoins professionnels et les loisirs personnels des utilisateurs de téléphonie. Sa sortie s’accompagne d’ailleurs de la publication d’une étude visant à démontrer la valeur du temps et la nécessité de l’introduction du télétravail pour garantir l’équilibre de salariés.

  • On aime : le look, le poids, le clavier, l’appareil photo, la plus grande vélocité du système d’exploitation, l’interface idéale entre loisirs et business.
  • On hésite : UIQ manque de logiciels, trop de menus et complexité pour appréhender le système UIQ, navigateur Internet dépassé, le S60 Browser de Nokia doit être porté sur UIQ, ni EDGE ni 3G+.

Fruit d’une année de travail sur UIQ 3.0

Très proche des derniers Blackberry 8800 et Curve dans la forme, extrapolé des modèles M600 et W950 sortis en 2006 par SonyEricsson, le P1 inaugure une gamme plus adulte de terminaux destinés à une utilisation principalement professionnelle.

Le passage au système UIQ 3.0 n’a pas été une étape aisée à franchir pour le constructeur : ses trois premiers téléphones dotés du système d’exploitation issu de Symbian ont traîné une longue et ennuyeuse série de bogues. Ce n’est qu’au printemps 2007 que de l’aveu général, UIQ 3.0 a pu gagner la confiance des utilisateurs. Le P1 semble aujourd’hui bénéficier d’une année de travail intensif sur le système d’exploitation. Disons plutôt « au coeur » du système d’exploitation.

Le terminal d’une taille de 106 mm sur 55 pour 17 mm de profondeur pèse 124 grammes. Il se place ainsi dans la moyenne des appareils correspondants, Blackberry, Nokia et Motorola Q. L’écran tactile affiche 262 000 couleurs pour une résolution de 240 sur 320 pixels pour un écran de 2,6 pouces. Sa robe noir/argent lui confère un look à la fois élégant et sérieux.

Le coffret, gris, comprend un berceau et des écouteurs stéréo. La carte mémoire de 512 MB lui offre une capacité de stockage appréciable. La connectique USB standard n’a pas encore la faveur du constructeur, qui se borne à employer sa connectique propriétaire, tout comme Samsung, là deux acteurs du secteur, Nokia et HTC, semblent vouloir généraliser l’utilisation du standard mini-USB.

Si le système d’exploitation est plus véloce que ses prédécesseurs, il reste très comparable aux systèmes S60 des Nokia et Windows Mobile de dernière génération. Des latences grèvent encore son fonctionnement – principalement dans le cas du lancement d’une application -, mais un effort considérable semble avoir été apporté pour rendre son utilisation plus fluide.

Bien lisible en plein soleil, l’écran est tactile et visiblement robuste. La navigation dans l’interface peut se faire à l’aide de la molette située sur le flanc gauche de l’appareil ou via le stylet. Un clavier AZERTY ou QWERTY de type SureType – comme les M600 et le Blackberry Pearl -, garantit un format compact à l’appareil : la saisie est déroutante les première minutes puis devient rapidement très intuitive.

Contrairement à des PDA tactiles sans clavier, il est ici possible de dactylographier SMS et courriels rapidement, sans fatigue des doigts, le clavier virtuel restant un frein en cas d’utilisation intensive des fonctionnalités de messagerie. La saisie s’accompagne d’un outil de suggestion et de correction en langues française, anglaise et néerlandaise.

Quoi de neuf depuis le P990i ?

L’interface a peu évolué depuis les modèles P990 et M600. Elle semble s’être fluidifiée et simplifiée. UIQ conserve clairement une longueur d’avance sur ses petits camarades en termes purement esthétiques, notamment face à S60 et Windows Mobile. L’exemple le plus parlant est la radio FM RDS embarquée, un modèle d’ergonomie et de beauté.

L’écran d’accueil se compose d’une série de lignes d’informations utiles – derniers appels, agenda, messages – et de cinq icônes personnalisables. Une pression effectuée sur l’écran fait apparaître 10 icônes supplémentaires personnalisables.

Nous ne comprenons pas pourquoi Sony Ericsson n’a pas offert à cet appareil la compatibilité avec les réseaux EDGE (200 kbps) et 3G+ (HSDPA) offrant actuellement des débits de 3,6 Mbits. Seule la version originale de l’UMTS (384 kbps) est présente sur l’appareil, à peine plus rapide que l’EDGE.

Face à HTC, Samsung et Nokia, il s’agit là d’un manque symbolique difficilement compréhensible. On notera toutefois que RIM, très actif sur le segment des terminaux de business class, conserve l’EDGE sur la plupart des derniers modèles Blackberry, Curve compris.

Pour pallier au manque de haut débit, le P1 est doté du WiFi (toujours en version 802.11b limitée à 10 Mbps). Il semblerait que la volonté ait été de mélanger les concepts du P990i et du M600 pour proposer un terminal plus complet et compact, sans vouloir entrer dans une course à la technologie.

On peut toutefois relativiser ce manque de compatibilité : les réseaux HSDPA ne sont pas encore assez exploités et exploitables sur les mobiles pour justifier une généralisation sur l’ensemble des terminaux du marché. La consommation, encore importante, des puces 3G a par exemple conduit Apple à préférer EDGE pour son iPhone, pourtant indissociable des services Internet mobiles.

Mode iPod ? Mode Blackberry ?

Le P1 est un appareil qui semble vouloir conjuguer les performances multimédia d’UIQ au premier besoin des professionnels : la messagerie. Plusieurs systèmes « push » sont intégrés au modèle : AlteXia, Visto, ActiveSync et Blackberry Connect. Le logiciel de RIM présent dans les menus de configuration se couple sans peine à un Blackberry. Nous l’avons configuré en 3 minutes avec le BIS de Proximus.

Deuxième besoin : Internet. Le navigateur Opera 8 est une fois encore un choix discutable. Le navigateur est dépassé, visuellement et technologiquement. Contrairement au S60 Browser, à Opera Mini 4, à Deepfish de Microsoft, Opera 8 est austère, lent et peu performant. Nous l’avons remplacé avantageusement par Opera Mini 4.0. Opera Mini étant une application Java, il faut en autoriser l’accès au réseau à chaque démarrage : poussif. Un portage du S60 Browser semble pourtant si évident, à plus forte raison vu la proximité entre S60 et UIQ.

C’est au rayon multimédia que le P1 joue clairement sa plus belle carte, avec notamment l’introduction d’un appareil photo de résolution de 3,2 Mpx. Il présente des clichés de qualité nettement supérieure à la moyenne des terminaux de cette gamme. En extérieur, les clichés sont de qualité équivalente à un appareil de type K800. A l’intérieur, le Flash semble générer du bruit. Les vidéos sont enregistrées au format MPEG4 dans une résolution maximale de 320×240 pixels. La capture des photos est rapide, l’autofocus étant une plus-value réelle à un appareil de ce type. Le Flash n’est pas automatique : détail étonnant et à vrai dire très ennuyeux. Il ne rivalise pas avec celui des modèles K8xx, mais il n’en a pas non plus la prétention.

Bluetooth stéréo, le P1i est équipé d’un lecteur multimédia très proche de l’iPod et d’une radio FM RDS. Le lecteur vidéo est capable de lire les vidéos et les podcasts les plus évolués : il épouse le format H.264 de l’iPod vidéo. Les écouteurs fournis sont de qualité moyenne et le niveau sonore peut être amélioré dans les prochaines versions du logiciel interne, pour rivaliser avec celui du W950i.

Il manque un élément à ce tableau : un lecteur de podcast. Le seul logiciel compatible avec le P1 est Podcast Collector de GoKillTime, mais il n’est pas gratuit et il s’avère très peu ergonomique.

Ce qui lui manque ? Face à Nokia et RIM, l’absence de module et de logiciel GPS est un point négatif. Cela dit, l’utilisation d’un kit GPS externe – celui que proposera dès la rentrée Sony Ericsson par exemple – permet de combler ce manque.

Il aurait dû naître l’été dernier

L’impression générale dégagée par ce terminal est une avancée prudente su le marché de la convergence. Celle-ci ne peut pas se faire au prix d’une piètre autonomie : principal problème du N95 de Nokia. Sony Ericsson semble ici vouloir privilégier la production d’un terminal éprouvé, stable et doté d’une autonomie confortable. Un terminal adapté à une utilisation intensive.

Contrairement aux premières versions logicielles du P990i, nous n’avons en trois jours d’utilisation connu qu’un seul redémarrage. Un travail très important a été apporté aux bases du système, lequel gère aujourd’hui beaucoup mieux la mémoire vive.

Le manque de logiciels disponibles pour UIQ reste problématique, même si la compatibilité Java comble évidemment ce déficit. La branche UIQ de Symbian est-elle encore nécessaire ou participe-t-elle d’une trop grande fragmentation du secteur ?

Notre impression est mitigée, mais forcément influencée par des critères de « power user » qui naissent à force d’utiliser et de comparer des terminaux de marques différentes. Le P1 eût été un terminal parfait pour l’été 2006. Il est aujourd’hui technologiquement dépassé face à HTC et Nokia, mais fait figure de terminal parfait pour l’utilisateur souhaitant avant tout bénéficier d’un clavier pour améliorer sa productivité et d’une gamme de logiciels essentiels, bien écrits, véloces et « sexy ». Ses atouts : sans doute l’une des meilleures messageries du marché avec le Blackberry, des logiciels multimédia complets et agréables à utiliser (musique, vidéo, FM RDS) ainsi qu’un appareil photo de qualité, élément rare sur ce type d’appareil.

A quels modèles le comparer à son prix de lancement (500 euros environ) ? Inévitablement, le terminal se situe à mi-chemin entre un HTC S710, un Samsung i600, un Nokia E90 et un Nokia N95.

A la recherche du temps perdu

La commercialisation du P1 s’accompagne de la publication d’une étude commandée par Sony Ericsson à la société Luon. Son objet : « la valeur du temps ». On y apprend que deux consommateurs sur cinq estiment que le temps est une denrée rare et qu’il seraient prêts à payer pour une plus grande disponibilité. 15 % des consommateurs européens ne disposent que d’une heure de temps libre par jour. Une même proportion des sondés se déclarent prêts à accepter une diminution de salaire en échange de temps libre. Six personnes sur dix estiment que quatre heures supplémentaires seraient nécessaires pour accomplir leurs objectifs journaliers. Les femmes en profiteraient pour s’accorder une pause récréative. Les hommes à se former et se consacrer à leurs centres d’intêret.

67 % des salariés considèrent que la possibilité de travailler en dehors du bureau est une composante essentielle leur permettant d’équilibrer vie professionnelle et vie privée.

A n’en pas douter, Sony Ericsson avance son terminal P1i comme le principal outil de concrétisation de ces besoins exprimés : télétravail, plaisir et multimédia. Il n’est certes pas le plus technologiquement avancé, mais répond aux critères les plus actuels des power users.

Le P1i se lance à la recherche du temps perdu. Peut-être du temps perdu depuis la sortie mouvementée de son principal prédecesseur, le P990i. 12 mois ont passé. Il y a prescription dans ce monde-là à n’en pas douter.

A suivre ! D’ici quelques jours, Jérôme Goddeeris vous proposera un comparatif entre le N95, le E90 et… ce flambant neuf P1i de Sony Ericsson.

Le petit petit P1i illustré

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Cedric Godart.